Combien de temps encore l'ami Johnsson compte-t-il tenir à pleine main la goupille de son heavy "symphonique" avant que n'explose l'évidence qui, depuis le prodigieux "Theli", ne cesse de se faire plus limpide à chacune de ses productions ?
Il nous abreuve d'un discours enjôleur selon lequel "on cherche a créer des atmosphères plus riches, plus variées, tout en restant metal" ("Metallian"; Février 2000). D'accord, mais quitteà jouer cartes sur table, il pourrait aussi balancer en guise de mea culpa que l'inspiration le fuyant progressivement - comme s'évapore une bonne blague trop ressassée par exemple - il s'évertue à dissimuler derrière la façade attrayante d'une batterie de claviers, de choeurs et d'harmonies vocales toujours plus redondantes que le miracle "Theli" était voué à ne pas se reproduire. Et le seul fait d'avoir abandonné le dynamisme d'un chant heavy n'explique pas toute l'indigence qui torpille littéralement "Deggial" après avoir donné du plomb dans l'aile au discret "Vovin".
THERION se veut plus classique, plus virtuose dans l'âme ? Amen, mais alors qu'on m'explique au juste à quelles références classiques (hormis la reprise lymphatique de "O Fortuna") s'adressent ces mélodies faciles et ces textures chorales forcément répétitives puisque immanquablement calquées sur des modèles calibrés pour séduire à la première écoute. Je serais tenté de tracer un parallèle avec le plain-chant ecclésiastique si le tout était moins tonique et surtout moins pompeux. Les polyphonies basques peut-être...
Non, inutile de tromper l'auditoire sur la marchandise, "Deggial" s'apparente clairement à une simple musique d'ambiance atmosphérique, guitares heavy en plus, si bien que le typiquement "Maidenien" (et très bon) "Flesh of the Gods" paraîtrait presque incongru... Comme s'il voulait anticiper une telle critique, Johnsson va parfois jusqu'à laisser pour quelques instants le devant de la scène aux seules guitares, mais c'est cruellement à ces moments là que le vide le plus important se fait ressentir, rendant THERION définitivement tributaire, pour ne pas dire prisonnier, de son carcan symphonique.
Et même si de bons passages sont à signaler ("The Invincible" ou le final de "Via Nocturna"), THERION semble avoir refermé le livre de son audace initiale. Il ne manque pourtant pas grand chose pour s'y replonger.
B.G. 23-06-00
|