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Difficile de se représenter que les Italiens d'OPERA IX ont déjà une carrière bien remplie derrière eux tant ils paraissent jeunes, et pourtant ce groupe au line-up inchangé depuis plus de dix ans (une prouesse) est bien l'un des vétérans d'une scène qu'on a rarement connue aussi fringante.
 

Après les démonstrations éclatantes d'EVOL et surtout d'ART INFERNO (le magistral "Abyssus Abyssum Invocat"), voici que le troisième opus d'OPERA IX passe une nouvelle couche d'un black occulte agencé à la façon d'un... opéra, comme il se doit. Outre une maturité évidente qui élude le moindre faux pas grossier, le fait marquant de cet album est la vigueur phénoménale de la production réalisée au Underground Studio.
 

Le son surpuissant agit comme un détonateur qui décuple le pouvoir de séduction de compositions à la finition impeccable. Pari osé, les claviers ne sont plus l'unique force motrice qui catalyse l'attention, mais ils se fendent désormais d'une persévérance discrète dont on ne peut que louer la justesse majestueuse. Leurs mélodies sont là, tapies dans l'ombre, possédant l'emphase d'un déluge de choeurs et le recueillement d'un orgue de cathédrale, mais jamais elles ne viennent perturber le déferlement dynamique de riffs accrocheurs et techniques et d'une double-pédale qui suggère - toutes proportions gardées - le "Passage" de SAMAEL. Les tonalités empruntées par la guitare accoustique sur certaines ouvertures s'attachent à évoquer des instruments à cordes anciens, ce qui renforce la fidélité d'OPERA IX envers un cadre de référence purement médiéval dédié à l'ésotérisme et à la magie noire.
 

La chanteuse emblématique Cadaveria (sorte de Morticia Addams latine) s'acquitte de tous les types de vocaux, jusqu'à la voix black qu'elle a parfois tendance à forcer au-delà de ce qui suffit à rendre une ambiance menaçante. Rien de bien méchant toutefois, simplement une preuve que l'abnégation de la demoiselle est totale : impressionant ! Les titres sont dans l'ensemble plutôt longs, mais en aucun cas fastidieux, si bien que je me refuse à mettre l'accent sur quelques-uns en particulier, l'album devant être abordé comme un ensemble cohérent. A signaler toutefois une reprise du groupe de batcave britannique BAUHAUS (...), le titre "Bela Lugosi's Dead" qui, adapté à la sauce OPERA IX, devient une bien jolie pièce de gothique symphonique entraînant.
 

Dans une jungle où les fauves scandinaves règnent en maître, OPERA IX forme donc avec ART INFERNO une doublette gagnante.
 

Forza Italia !!!
 

B.G. 26-05-00