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Il est dit que dans une longue carrière il arrive toujours un moment où un groupe marque le pas l'espace d'un album et sort un produit qui n'est pas en accord avec les espérances. En ce qui concerne IMMORTAL il faudra encore attendre un peu car, autant le dire d'entrée, "Damned in Black" renouvelle allègrement - amplifie même - la perfection atteinte par le fabuleux "At the Heart of Winter".
 

Mais attention, j'entends d'ici les mauvaises langues qui ne manqueront pas de dire que ressortir un album à peine un an après un fait d'armes aussi remarquable relève de l'opportunisme commercial, et que la décoction servie ne peut être que du remâché calibré pour faire mouche à coup sûr. Faux ! Et très injuste envers le trio (désormais groupe à part entière pour la première fois depuis le retrait de Demonaz) qui a intelligemment substitué à un heavy/black plutôt mélodique quelquechose de plus brut qui n'en demeure pas moins dans la continuité logique. Une forme de retour aux sources qui demandait pas mal de culot, et surtout la capacité d'écrire des morceaux plus directs sans tomber dans le lieu commun des débuts du groupe.
 

Aucun danger, car après deux premiers titres où IMMORTAL "s'échauffe" sur des structures sur mesure mais sans génie, on pose immanquablement le pied sur la fulgurante mine anti-personnel qu'est "Against the Tide" et son hallucinante ligne de synthé qui sublime le refrain en un crescendo dantesque. Et là préparez vous à valser dans les airs pour le reste de l'album ! Tout y est parfait, d'un jeu de basse taillé dans le roc (merci Iscariah) à des solos léchés, des changements de tempo hyper dynamiques au chant toujours aussi sec d'Abbath.
 

On ne trouve certes plus vraiment de ces gros riffs mélodiques qui conféraient à des titres comme "Solarfall" ou "Withstand the Fall of Time" un côté enivrant, mais on est loin de perdre au change. De tous les morceaux qui précèdent l'hymne ultime "Damned in Black", aucun ne paraîtra déplacé sur une anthologie du black metal lorsqu'il sera temps de dresser un bilan dans quelques années. Il faut également rendre un hommage appuyé au travail époustouflant réalisé par Peter Tägtgren derrière les platines de mixage (ça devient une habitude). Sa production est un catalyseur surpuissant, qui n'hésite pas à réduire les murs de guitares au strict essentiel, quitte à ne pas toujours combler l'intégralité de l'espace sonore. Un vrai cauchemar pour tous ceux que ferait vomir l'idée de voir IMMORTAL érigé en modèle de technicité dans les écoles de musique.
 

Après le dernier IMPALED NAZARENE et en attendant fiévreusement le prochain MAYHEM, voici un sérieux prétendant au trône de l'album black de l'année.
 

B.G. 23-06-00