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S'il est un groupe qui a provoqué un fracas rocambolesque lors de son déboulé en force sur le devant de la scène extrême, c'est bien GLOOMY GRIM, annoncés par Holy Records dès leur signature en 1997 comme les noirs messies d'une nouvelle vague horrifique en ébullition.
 

Un premier album (somme toute décevant) et un coffret collector regroupant leurs démos plus tard, le sieur Agathon fait enfin sourdre de ses doigts crochus une salutaire fontaine de renouvellement. GLOOMY GRIM est une entité créatrice protéiforme, ou plus justement pluricéphale tant on y devine pléthore de battements de coeurs asynchrones, issue de sombres abîmes résonnant d'une musique invertébrée et instinctive.
 

Les échos qui nous en parviennent sont tout aussi déjantés que ce à quoi le groupe nous avait habitués par le passé, à savoir de folles cavalcades débridées au son d'une boîte à rythme martiale qui ne se lasse pas de dynamiter des compositions où les synthés affichent, outre un entrain peu commun, des mélodies légèrement moins alambiquées et malsaines, ce qui à mon sens ne gâche rien, dérouté que j'avais été par la totale opacité de "Blood, Monster, Darkness". Une grande part du mérite en revient sans doute à une production bien plus percutante qui met en avant des guitares venimeuses et induit de la sorte une délicieuse mitose des éléments caractéristiques de GLOOMY GRIM. La haîne guerrière contrôlée de "Born in Fire", "Redeemer" ou "Revelation 666" peut ainsi céder la place aux plages d'effroi grand-guignolesques qui parsèment "Arrival of the Antichrist", "The Chosen One" ou "Mistress of the Stormblast" sans que l'oreille s'en trouve offensée, loin de là.
 

Le titre le plus symphonique de l'album, le somptueux "At the Gates", est une complainte suicidaire où le bizarre tend à s'effacer au profit de la douce mélancolie de remarquables entrelacs au piano, ce qui donne au final un morceau parmi les plus envoûtants qu'il m'ait été donné d'écouter dernièrement. De là à hurler au sublime il y a un pas qu'il faudra se garder de franchir tant que GLOOMY GRIM n'aura pas imposé sa musique comme un standard incontournable aux yeux de tous, entreprise à laquelle "Life?" échoue encore d'un souffle à cause d'une certaine linéarité d'ensemble et de cette dérangeante sensation qu'Agathon manque parfois d'un petit rien la marche qui conduirait ses morceaux vers des sphères encore plus géniales.
 

Gageons que ce n'est que partie remise et soyons justes: "Life?" est bel et bien, comme cela est affirmé un peu partout, l'album "Black Horror Metal" de l'année.
 

B.G. 23-06-00