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Vouloir dissocier les parties metal et classique de SEPTIC FLESH revenait à séparer des siamois après plusieurs années de vie commune. Une délicate opération dont la première étape, le sémillant "Revolution DNA", fut couronnée de succès. Restait à confirmer avec un projet symphonique de grande ampleur, le mystérieux CHAOSTAR annoncé à grands renforts d'interviews.
 

Le line-up est sensiblement le même, mais les rôles ont été clairement définis pour donner à cet album des airs d'odyssée space-opéra. Que les fans d'ELEND restent donc prudent, CHAOSTAR ne restituera pas les exquises arabesques baroques qui ont fait la renommée de "Les Ténèbres du Dehors", auxquelles il préfère un univers futuriste marginal propice aux expérimentations, une sensibilité que ne renieraient pas des compositeurs contemporains tels Pierre Boulez ou Messiaen pour ne citer qu'eux.
 

Fort de son expérience fructueuse à l'université de musicologie de Londres, Chris Antoniou convie ses camarades Spiros et Sotiris, ainsi que la plantureuse soprano Natalie Rassoulis, à exprimer leurs talents vocaux au travers des spirales de création qu'il fait jaillir de ses doigts, coincées entre besoin de lyrisme et froideur mécanique. C'est ainsi que le début de l'album laisse présager d'une écriture totalement dédiée aux ambiances robotiques où ne percent que quelques explosions chorales tout droit issues d'une B.O. de "Stargate". C'est avant que les premières mesures de "No Gravity" introduisent une douce ouverture digne de la "3ème Symphonie" d'Henryck Gorecki, inondée par le timbre magnifique de Natalie, enfin redevenu l'écho de l'innocence originelle.
 

Ainsi va CHAOSTAR, qui oscille au gré des émotions entre un dark/electro encore en chantier et de calmes plages orchestrales évoquant la beauté nue du vide stellaire, quand il ne mélange pas les deux comme c'est notamment le cas sur l'excellent "Time was running out". Spiros passe de vocaux gutturaux à un chant clair proche de celui qu'il adopte dur "Revolution DNA", quant à la chorale embauchée pour l'occasion, ses rares interventions renforcent les moments les plus dissonants.
 

La seule petite chose à déplorer est que le volume sonore ne soit pas encore plus étoffé pour conférer à l'oeuvre davantage de charisme. Savoir que ce séduisant CHAOSTAR restera immanquablement confiné aux rayons "metal" des magasins me ferait presque trépigner de rage, mais c'est bel et bien le moyen le plus sûr de lui fidéliser un public.
 

Pas forcément celui auquel Chris Antoniou et consors peuvent légitimement aspirer.
 

B.G. 23-06-00