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La Pologne n'est certes pas avare en groupe de qualité, même si elle nous avait davantage abreuvé de death brutal et technique ces derniers temps, via les excellents DEVILYN et surtout VADER. Le problème majeur de ce pays considéré à tort ou à raison comme l'un des parents pauvres du métal européen, toutefois à des lieues devant les déserts en la matière que sont ses voisins bulgares ou hongrois, est la difficulté à imposer ne serait-ce que ses meilleurs groupes sur le plan international (amer constat qui vaut tout autant pour les pauvres Français que nous sommes...).
 

Aussi il y a fort à parier qu'en jouant la carte du chant exclusivement en polonais, ARTROSIS court le risque de grossir les rangs de légions autarciques qui méritent bien mieux que les ombres d'un marché local à n'en pas douter plutôt terne. Pourtant voilà bien un album que tout un chacun gagnerait à découvrir.
 

Emmené par le timbre cristallin et polymorphe de la svelte Medeah, ARTROSIS s'adonne depuis déjà deux albums à un métal atmosphérique qui soutient sans fléchir la comparaison avec des oeuvres largement médiatisées telles que "Nighttime Birds" de THE GATHERING ou "Aegis" de THEATRE OF TRAGEDY. Le groupe tisse sa toile le long de douze titres dont aucun ne tombe dans l'approximation.
 

La base métal est si atmosphérique qu'elle en devient parfois vaporeuse, tant les riffs ne sont pas là pour une quelconque démonstration, mais pour appuyer des harmonies vocales fort efficaces, souvent charmantes, parfois enchanteresses. Le reproche classique du "manque de pêche" est donc recevable, ce qui n'occulte en rien le côté éminemment gracieux de titres comme "Morfeusz", "Biafa Karta", "A ja" et son refrain mémorable, et d'autres encore. Ceci est d'autant plus vrai que les intonations rugueuses du chant polonais amènent un surplus d'authenticité...
 

Si j'ai une petite réserve à formuler, elle se situe du côté du rôle ambigu dévolu aux claviers, qui démarrent les morceaux très en avant pour piloter l'ambiance de fond, puis s'effacent complètement au bout de quelques secondes, mis à part deux ou trois interludes. Cette absence de guide mélodique au niveau instrumental n'est pas, loin de là, comblé par les guitares dont les rares solos restent dans le domaine du basique, d'où certains passages à vide qui brisent cruellement l'allant des compositions.
 

Mais il est inutile de pinailler davantage, car ce menu soucis ne devrait pas freiner l'enthousiasme des mordus de ce style, qui trouveront en ARTROSIS une alternative plus que valable en attendant des sorties plus ambitieuses.
 

B.G. 23-06-00